La fonte des glaciers touche de nombreux êtres vivants endémiques des rivières glaciaires. Le recul accru des masses de glace réchauffe ces eaux et menace ainsi le milieu des êtres vivant dans leur eau glacée. Des chercheuses et chercheurs de l’Eawag, du WSL et d’une équipe internationale ont mis au point une méthode pour identifier les futurs refuges potentiels de ces êtres vivant dans l’eau froide. Elle permettra ainsi d’anticiper pour mieux protéger, préserver ou continuer à développer certaines régions.
Les régions alpines sont particulièrement affectées par le changement climatique, car elles se réchauffent plus vite que la moyenne mondiale. Cela nuit tout particulièrement aux êtres vivants endémiques qui, en raison des barrières géographiques, peuvent difficilement migrer dans d’autres régions. Les êtres vivants aquatiques sont les premiers à être confrontés à de grosses difficultés. Habitués à l’eau froide, il ne leur reste que la fuite « vers le haut ». Et si un glacier venait à disparaître entièrement, ils disparaîtraient à leur tour. Pour assurer la conservation de ces espèces, les chercheurs de l'Eawag et du WSL ont mis au point une méthode pour modéliser ces futures zones et anticiper les mesures de protection à prendre en amont.
Pronostics jusqu’en 2100
À cet effet, les chercheuses et chercheurs ont utilisé les projections du Global Glacier Evolution Model, qui prédisent le mouvement et le recul des glaciers existants dans les années à venir. Cela permet de déduire comment les cours d’eau des régions actuellement recouvertes de glace se modifieront lorsque le glacier fondra. De plus, avec des pronostics de température, l’équipe a modélisé comment les cours d’eau actuels et les milieux endémiques qu’ils offrent à un total de quinze espèces d’invertébrés se développeront et où pourront être trouvées à l’avenir les conditions nécessaires à leur survie. L’étude englobe l’espace alpin européen sur une période allant jusqu’en 2100. La modélisation mise au point par les chercheuses et chercheurs peut à présent être utilisée pour établir également des pronostics avec d’autres chaînes de montagnes.
Les zones protégées doivent être étendues
La fonte des glaciers ne met pas uniquement à nu de nouvelles régions, recouvertes autrefois d’une épaisse couche de glace, elle crée aussi de nouveaux cours d’eau et lacs glaciaires. Par conséquent, les êtres vivants habitués à l’eau froide des glaciers migreront vers le haut avec le glacier et viendront vivre dans les cours d’eau nouvellement formés. Il est donc absolument indispensable de continuer à observer et à étudier la biodiversité des cours d’eau alpins, afin que la modélisation puisse être étendue à d’autres êtres vivants aquatiques et qu’il soit possible d’agir pour les protéger.
Des conflits d’objectifs après le recul des glaciers
Mais c’est précisément sur ce point que les chercheuses et chercheurs identifient un autre risque pour la biodiversité: actuellement, seuls 12% des bassins versants modélisés selon leurs projections sont protégés! Cela signifie qu’en 2100, la plupart des bassins versants favorables aux invertébrés d’eau froide se trouveront dans des régions non protégées.
L’équipe qui travaille avec l’Eawag craint que ces régions libérées des glaciers soient utilisées en priorité pour des activités de loisirs ou pour la production d’énergie hydraulique dès qu’elles seront accessibles. Ce peut être une menace pour les nouveaux milieux indispensables à la survie des espèces. Il est grand temps protéger les futures régions révélées par l’étude. C’est la seule solution pour garantir des lieux de refuge pour les êtres vivants et d’assurer leur survie.